Mais oui, c’est le titre donné à un concert avec la célèbre violoniste.
Précisons de suite que le titre est celui d’une oeuvre d’une femme compositeur australienne :Elena Kats-Chernin. Elle est née à Tashkent , a étudié au Gnessin Musical College de Moscou. Elle s’est établie en Australie en 1975 où elle a achevé ses études au Conservatoire de Sydney.
Le concert de l’Orchestre Symphonique de Sydney présentait donc une oeuvre qu’elle venait de mettre à son répertoire. Il m’est difficile de décrire un morceau après une première audition mais je vais me lancer à l’eau. C’est une commande de l’ Orchestre Symphonique de Tasmanie. Dans le programme (qui est le bienvenu) La compositrice nous dévoile quelques éléments: si le New Age promet le ciel, les portes peuvent vous claquer à a figure. La musique frappe à une porte qui ne s’ouvre pas ensuite elle frappe à une autre etc. Elle est également inspirée de contes d’enfants russes , souvenirs d’enfance.
Quant au pauvre mélomane que je suis, j’y ai trouvé une espèce de musique des sphères , très rythmique , vivante, colorée, parsemée de contrastes. L’orchestration nous tient en haleine . Si je ne puis la qualifier, je dirais que c’est la musique qui suit immédiatement le big bang. Des morceaux de cuivres et percussions volent dans tous les coins. Bref, c’est une partition passionnante et elle recueille un succès mérité. Je dois préciser que le chef d’orchestre y est pour quelque chose grâce à sa gestique très précise. Dima Slobodeniouk conduisait l’ Orchestre Symphonique de Sydney.
Vient ensuite Lisa Batiashvili dans le Concerto n°2 , op.63 de Prokofiev. La soliste n’est plus à présenter, sa carrière la mène partout dans le monde. Je l’avais entendue à Tbillisi il y a quelques années , elle ne m’avait pas convaincue, mais ce soir , elle semblait sortir du big bang avec toute la retenue et la sobriété de son interprétation. Un son chaud, un legato à vous faire pleurer les étoiles, une maîtrise de son instrument. Quelle belle artiste. Le finale retrouvait tout le sarcasme de Prokofiev.
J’ai peu parlé de ce chef que je ne connaissais pas. Dimanche Slobodeniouk . Né à Moscou où il commence ses études de violon, il les poursuit à l’ Académie Sibelius de Helsinki réputée pour ses chefs d’orchestre. Il travaille la direction avec Atso Almila et ses mentors Leif Segerstam et Jorma Panula.
Il soutient merveilleusement la soliste du Concerto de Prokofiev et se réserve l’après entracte avec deux poèmes symphoniques de R. Strauss: Don Juan et Till Eulenspiegel. C’est du pain béni pour un chef qui assume toute sa maîtrise sur l’ orchestre , sa gestique est précise. Ses impulsions ne sont pas fantaisistes comme certains chefs qui dirigent pour la galerie. Cela doit être confortable pour les musiciens. Chaque geste se répercute dans l’ensemble. C’est heureux pour l’ Orchestre Symphonique de Sydney qui peut étaler des sonorités de toutes le couleurs . Les cuivres sont splendides, les cordes sublimes. Je suis persuadé que l’on entendra encore parler de ce jeune chef Finlandais. Il est actuellement chef principal de l’Orchestre Symphonique de Lahti et Directeur Artistique du Festival Sibelius de Helsinki.
Soir très réussie avec la découverte d’une oeuvre nouvelle, d’une soliste en pleine possession de ses moyens , d’un chef prometteur et d’un orchestre magnifique.
Marc Castelain, Sydney, 2 mars 2018