Lubomir Melnik,
Connaissez-vous ce pianiste ? Il donnait un récital ce samedi 28 janvier au City Recital Hall de Sydney. Le programme annonçait le pianiste le plus rapide au monde fait homologué par le Guinness Book. Mais qu’est-ce que cela signifie au juste ? Court-il plus vite que Kissin ? Je suis vraiment intrigué. Il est précisé qu’il débite 20 notes par seconde. Wouawwww ! Le tout dans un style minimaliste. Je ne pouvais rater ce moment historique.
Sur scène, le piano , des haut-parleurs et un micro. Il arrive, très décontracté, il est vrai que pour jouer vite, il faut l’être. Une longue introduction parlée nous transporte dans son monde. Il demande au public d’apprécier le son ! D’apprendre à écouter ce son à qui on n’accorde pas assez d’importance. Il débute ensuite par une mélodie qui sera la base de son improvisation accélère le tempo , un peu comme une locomotive qui se met en marche . Le tempo s’accélère et bientôt nous avons cette superbe machine qui débite des arpèges très rapides aux deux mains, parfois en parallèle, parfois en mouvements contraires. Une mélodie ? Il n’y en a pas. Une construction ? Ne la cherchons pas. Trois à quatre interruptions destinées à la parole et le bolide rebondit. Introduisant un morceau consacré à l’amour, il se dédouble en prédicateur. On se croirait dans une secte. Mais la cerise sur le gâteau sera sa dernière improvisation d’une durée de 30 minutes. Des arpèges fusées à gogo. Pour ne rien dire mais cela est spectaculaire, ne soit que son endurance . Je suis épuisé.
Le contenu musical est désolant mais le spectacle est frappant . Le public lui a fait un triomphe avec une longue standing ovation. J’ai fui très vite craignant de devoir subir un bis. Mais j’ai assisté à quelque chose d’unique.
Ce récital était donné dans le cadre du « Sydney Festival » dont le programme est assez hétéroclite mais de haute tenue. Il en faut pour tous les goûts.
Marc Castelain,
Sydney, 29 janvier 2017