Il ne fallait pas rater le récital que donnait Grigory Sokolov ce 12 mars à Bruxelles. Le public bruxellois lui est fidèle et même avant d’avoir touché le piano, le triomphe est garanti.
L’homme semble insensible aux applaudissements qui l’accueillent. Il salue brièvement , pas un sourire; il est concentré.La première partie de la soirée est consacrée à Beethoven, la Sonate op.2, nr 3 en do majeur. C’est une des premières sonates que les jeunes pianistes apprennent . Une oeuvre « facile » mais sous les doigts de Sokolov, elle devient divine. Il fait toutes les reprises. On retrouve le grand Sokolov par son approche précise, détaillant cette oeuvre de jeunesse de Beethoven comme si c’était une des dernières. Les Bagatelles op. 119 sont admirablement ciselées. Je ne crois pas que ces courtes pièces soient dignes de figurer au programme. Mais elles sont significatives du génie de Beethoven d’écrire des courtes pièces de valeur inégale. De toute façon, il est bon de nous rappeler qu’elles existent.
La seconde partie de la soirée est consacrée à Brahms: les 6 Klavierstücke op. 118 et les 4 Klavierstücke op. 119. C’était un des grands moments de la soirée. Admirable, cette interprétation pleine de vigueur mais où on retrouve toutes les subtilités de la musique de Brahms. Mais j’ai découvert quelques maniérismes malgré tout chez Sokolov. Mais c’est du Brahms comme on ne l’entend que rarement. Cinq bis clôturaient cette soirée et Sokolov est parti comme il est venu, insensible à son triomphe. Mais….il doit avoir l’habitude.