Concours International Piano de Sydney
Les résultats sont tombés.
Andrey Gugnin a remporté le vote du jury. Parmi les six finalistes il a mérité sa place .
Voyons les prestations des deux dernières soirées consacrées aux concertos romantiques et du 19e siècle. Précisons que d’après le règlement du Concours, chacun pouvait choisir son instrument. Je le mentionnerai à côté du nom du finaliste.
Kenneth BROBERG (Fazioli) ouvre le feu devant une salle chauffée à blanc. Il avait choisi le 2e Concerto de Saint-Saens. L’introduction alla JS Bach était énoncée un peu trop pompeusement, c’est une impression personnelle. Mais l’esprit français de légèreté et de néo-classicisme était bien absent. Saint-Sains n’est pas Rachmaninov. Je trouve que c’était une erreur de casting.
Arseny TARASEVICH-NIKOLAEV (Steinway) présente le 2e de Rachmaninov. C’est un bon choix car il l’a défendu avec brio. Sans touche bien personnelle sauf que je trouvais son mouvement lent un peu trop lent.
Andrey GUGNIN (Steinway) Le 3e de Prokofiev est enlevé dans un enthousiasme délirant. Soulignons la fermeté et précision du toucher , la maîtrise parfaite de la carrure rythmique, puissance et raffinement cohabitent avec bonheur.
Oxana SHEVCHENKO (Steinway) a choisi le 3e de Prokofiev. Le même concerto qui termine la 1ère soirée et qui commence la deuxième ! La comparaison n’est pas à l’avantage d’ Oxana. La puissance du son est plus instable et on ressent la même frilosité que dans le concerto de Mozart. Je lui reprocherais ce simili romantisme du début du 2e mouvement. Quelques petits problèmes de synchronisme avec l’orchestre sont sans doute le résultat de sa nervosité. Le public applaudissant après le 1er mouvement et des personnes entrant visiblement en retard prolongent trop longtemps le temps entre les deux premiers mouvements. Ceci est une pratique inadmissible envers les artistes.
Moye CHEN (Kawai) a choisi le 2e de Rachmaninov . On retrouve ses qualités déjà soulignées dans nos propos. Son approche de Rachmaninov est royale, ni excès dans les ralentissements dits expressifs ni étalages de virtuosité inutile. Moye domine cette partition, l’expression y est énoncée avec toute la simplicité des grands interprètes. Il était vraiment mon favori.
Jianing KONG (Fazioli) dans le 2e de Brahms me semblait un peu distant , qu’il n’était pas convaincant , qu’il ne s’investissait pas assez. Ses accords lourds et massifs du début m’assommaient un peu. D’accord, il y a des accords, mais forte n’est nécessairement massif à outrance. Ici encore, il a fallu attendre qu’un public retardataire prenne place , sans oublier les applaudissements après le 1er mouvement. La direction du Concours devrait interdire d’interrompre un concert pour laisser entrer des « mélomanes » attardés. Ce n’est pas un cadeau pour les concurrents.
La proclamation avait lieu vers 21.30 h. et ce billet avait été écrit avant celle-ci.
Marc Castelain,
Sydney, 23 juillet 2016