Ce Festival a lieu tous les deux ans et en trois semaines affiche les plus grands interprètes du moment. Cette année, j’ai assisté à un récital de JOYCE DiDonato accompagnée au piano par David Zobel.
Cette mezzo-soprano passe d’une répertoire à un autre sans trembler. Elle a une assurance rarement vue.
Déjà, rien que d’entrer en scène, elle fait un triomphe. Comment fait-elle ? Et l’auditeur que je suis ne le regrettera pas. La cantate « Arianna a Naxos » de Haydn ouvre le programme. Quelle tenue ! En peu de notes , elle arrive à nous projeter dans le siècle de Haydn. Et la suite nous offre Mozart, Bellini, Rossini etc. C’était d’ailleurs une bonne idée d’avoir choisi un air de « Adelson e Salvini » que l’on entend rarement. Sans doute parce que c’est une oeuvre de jeunesse du compositeur.
Mais revenons à Joyce DiDonato, Elle nous a gratifié d’une leçon de chant pour nuls. Elle chante comme elle respire disait mon voisin. Mais quelle variété de nuances, de subtilités, d’un contrôle absolu du son. C’était merveilleux. David Zobel au piano était bien attentif mais parfois un trop en recul. Heureusement la soirée s’annonçait toute aussi chaude.
Car le même soir, l’affiche nous réservait une autre merveille.
Dans la série, grands orchestres du monde, le London Symphony Orchestra répondait présent, GIANANDREA NOSRDA , à la baguette. En introduction, une pièce de Rimsky-Korsakov: La Légende de la Ville invisible de Kitège. On joue trop peu Rimski. Et pourtant , il est réputé comme le grand orchestrateur. Cette courte pièce est une excellente introduction au 2e Concerto de Prokofiev interprété ici par DENIS MATSUEV.
J’avais l’impression de découvrir ce concerto , tellement Matsuev a décrypté la partition avec tous ses contrechants , sa polyphonie et le côté barbare de Prokofiev. Barbare mais aussi élégant et charmeur quand il le faut. Matsuev , dès le début nous fait découvrir un Prokofiev sur du velours. Sa sonorité est d’une pureté et clarté rarement entendue. Mais cela ne dure pas, son Prokofiev devient motorique à souhait , sa rythmique est tsunamique.
Il domine cette partition comme je l’ai rarement entendue. Je dirai que son interprétation est très personnelle mais si attachante. Et il a à sa disposition une technique infaillible. Il est un des grands pianistes d’aujourd’hui.
La soirée se terminait avec la 6e Symphonie de Shostakovitch. L’orchestre se délecte. Les cuivres sont heureux, les bois précis, la direction de Noseda très verticale. Il doit être fatigué de battre toujours la mesure. Mais il entraîne ses troupes par son engagement. Ce n’est déjà pas si mal.
Marc Castelain , Bucarest 3 septembre 2019